Économie publique?

L'économie publique, c'est la théorie économique de l'intervention de l'État. Son assise normative repose sur quatre grandes idées:

  1. Comme l'économie classique, elle présume que les individus, les firmes et les autres agents économiques réagissent aux incitatifs. Au premier chef, les prix et la tarification influencent les comportements. À titre d'exemples, une hausse de l'impôt réduira l'attrait du travail, ou encore une hausse des frais de scolarité réduira la participation à l'université (toutes choses étant égales par ailleurs).
  2. Elle se concentre sur les cas où l'intervention publique peut améliorer l'efficacité d'une économie. Elle recommande diverses interventions publiques dans les cas où le « libre marché » est présumé allouer les ressources de manière inefficace. En particulier, elle étudiera l'allocation efficace des ressources quand il y a des biens publics ou des externalités de marché. Elle étudiera aussi les effets de l'intervention publique dans les circonstances où ce n'est pas nécessairement efficace (soit des allocations de second rang).
  3. Elle reconnaît que l'efficacité n'est pas la seule vertu pour déterminer de l'allocation des ressources. En particulier, elle reconnaît que l'équité, ou la redistribution de la richesse, peut constituer un objectif désirable (souvent conflictuel avec le critère d'efficacité).
  4. Si l'économie classique donne les meilleures chances au marché de fonctionner, l'économie publique étudie les interventions publiques en donnant les meilleures chances au gouvernement de les mettre en oeuvre. Elle présume d'un gouvernement bienveillant par opposition, par exemple, à un gouvernement qui souhaite se faire élire (l'économie politique), ou qui souhaite s'en mettre plein les poches (plus fréquent en théorie des choix publics).

L'économie publique étudiera des sujets tels que:

  • La taxation et la fiscalité. En particulier, comment concevoir des régimes fiscaux qui doivent arbitrer la redistribution de la richesse et les incitatifs à produire des ressources.
  • Les dépenses publiques: comment concevoir des programmes et transferts qui permettent d'atteindre des objectifs de politiques publiques (réduire la pauvreté, augmenter la participation aux études, améliorer la santé ou encore favoriser l'innovation).
  • La constitution des gouvernements, la centralisation et la décentralisation des décisions, du point de vue des arbitrages entre les préférences individuelles et les décisions communes.
  • L'analyse des grandes missions de l'État, comme l'éducation, la défense militaire, les programmes de santé, la sécurité intérieure ou les programmes de soutien aux revenus.
  • Dans une moindre mesure, elle étudiera aussi les politiques de l'État dans une perspective de stabilisation économique: politiques monétaire et politique budgétaire (des thèmes d'ordinaire réservés à la Macroéconomie).
  • Dans une moindre mesure, elle étudiera également les politiques de l'État destinées à renforcer la concurrence: bureau de la concurrence, régies et agences de règlementation des marchés (des thèmes d'ordinaire réservés à l'économie industrielle).
  • Dans une moindre mesure, elle étudiera également les politiques de l'État quand les individus ne se comportent pas de manière rationelle. C'est alors à l'intersection entre l'économie publique et l'économie comportementale.

Bien sûr, le cadre normatif de l'économie publique comporte des défauts: les gouvernements ne se comportent pas comme la théorie le suggère! Les personnes étudiant l'intervention de l'État ne pensent pas que ces idées s'appliquent religieusement. Cela dit, le cadre d'analyse permet de dégager des recommandations et conclusions sur la performance de l'action publique et en formalise son étude. Fondamentalement, c'est une théorie économique qui reconnaît le rôle et l'existence de l'État dans nos vies et se propose d'en comprendre les impacts (en bien comme en mal!).